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Livreur.ses de tous les pays, unissons-nous ! | La Rue est notre Usine - 0 views

  • Du côté des institutions, après de longues procédures d’investigation le ministère du Travail vient de lancer une procédure en attaquant Deliveroo pour salariat déguisé. Le ministère des Transports s’en prend lui à l’absence de licence des livreurs en scooter et a également commencé une procédure. Elles n’en sont qu’au stade de dépôt au parquet. Si nous ne pouvons que nous réjouir de la prise de conscience des ministères publics des problèmes de l’ubérisation, nous restons attentifs et relativement inquiets des conséquences que pourront avoir les jugements. Peut-on craindre qu’après un jugement positif en notre faveur les multinationales soient obligées de cesser leurs activités en France ? Et donc de mettre à la rue un grand nombre de livreurs ? Nous réaffirmons nos revendications qui sont de profiter des avantages sociaux comme l’ensemble des autres travailleurs et de gérer les boîtes à la base par et pour les livreurs, par et pour nous.
  • Une des perspectives d’émancipation des livreurs, face au refus de Deliveroo de tout dialogue concernant l’amélioration de nos conditions de travail, est de créer nos propres structures. La forme privilégiée repose sur des structures coopératives autogérées par et pour les livreurs. Si la création de coopératives semble difficile à penser dans un grand nombre de secteurs (industrie par ex.), notamment parce qu’il faut un capital de départ important, difficile à réunir sans passer par des banques (on peut néanmoins citer l’exemple des Fralib qui après des années de luttes ont réussi à récupérer leur outil de travail), elle s’affranchit de beaucoup de problématiques pour la question des livraisons de repas.
  • Il nous paraît tout de même important de ne pas idéaliser les coopératives comme une solution finale. Les coopératives ont en effet deux buts liés et non exclusifs. Elles doivent être pour nous, à la fois comprises comme une perspective de lutte et d’émancipation. Mais cette stratégie ne peut pas se passer des luttes sociales chez Deliveroo, car tant que ces multinationales exploiteront leurs travailleurs, une coopérative ne pourra pas être concurrentielle en termes de tarif et devra donc se contenter de marchés limités, ne pouvant ainsi pas fournir un travail à tous les livreurs, qui devront donc continuer à se faire exploiter. De plus, en cas de manque de commandes, les livreurs sont obligés de s’auto-exploiter. Il faut donc voir les coopératives comme un élément d’une lutte générale contre les multinationales qui ne peut pas se passer de l’auto-organisation des travailleur.se.s.
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  • C’est le but de l’association Coopcycle qui développe depuis 2016 une application qui permet de répartir les commandes entre les livreurs. Elle est utilisée par deux coopératives à Bordeaux et Molenbeek. Le but est simple et le résultat efficace, se passer des multinationales, éviter le vol de la plus-value et pouvoir répartir collectivement les bénéfices. Ces coopératives sont également la solution, de fait, pour les livreurs virés/réprimés pour s’être battus. Les camarades livreurs de la CGT à Bordeaux, qui ont été parmi les premiers mobilisés de France, ont pour la plupart aujourd’hui été virés de Deliveroo ou de Foodora après les mouvements de grèves. Ils ont ainsi créé leur propre coopérative, la coopérative des coursiers bordelais.
  • On voit clairement que les syndicats ont cherché à intégrer les livreurs et leurs spécificités dans un moule qui ne correspond pas forcément à leurs besoins. Cependant nous avons toujours pu compter sur des équipes spécifiques de la CGT et de Solidaires pour nous soutenir, que ce soit sur le plan financier, juridique ou organisationnel. Un certain nombre de militants de ces structures, parce qu’ils ont compris le risque que présente l’ubérisation, nous ont été d’une aide inestimable, et nous ne saurons jamais les remercier assez. Ils ont, c’est certain, fait beaucoup plus que quiconque pour rapprocher les jeunes précaires des structures syndicales qu’ils considéraient bien trop souvent comme des coquilles vides et inutiles.
  • Se battre lorsqu’on est précaire dans un travail qui n’est pas indispensable à l’économie est difficile. Mais lorsqu’on est individualisé à l’extrême cela devient très compliqué. C’est pourquoi nous sommes convaincus qu’une amélioration de nos conditions de travail et de vie ne peut se faire qu’en lien avec d’autres secteurs précaires et le reste du monde du travail. Nous tâchons donc d’essayer de prendre contact avec un maximum de monde, de créer des convergences de luttes avec d’autres secteurs pour pouvoir échanger sur nos conditions de travail, nos stratégies de luttes, mais également pouvoir partir ensemble dans un affrontement contre la précarité. Par exemple Stuart, start up française de livraison a été rachetée par le groupe La Poste. Il n’est pas inenvisageable, au vu des stratégies actuelles de flexibilisation du travail menées par ce groupe, que vos colissimos soient livrés 7/7j par des autoentrepreneurs. Afin d’éviter les divisions et parce que nous avons les mêmes intérêts objectifs que les postiers, nous sommes entrés en contact avec leurs syndicats pour réfléchir collectivement à une réponse positive pour les deux secteurs.
  • C’est pourquoi dès la première journée de mobilisation à Paris en août 2017 nous avons cherché à nous coordonner avec les autres collectifs de livreurs en France afin de faire valoir nos mobilisations au même moment et de nous mettre d’accord sur des mots d’ordre et des revendications. Cela a donné naissance à la CAVAL (Coordination d’actions vers l’autonomie des livreurs), structure nationale pérenne de mobilisations et d’échange d’informations. Ce qui a permis que, par la suite, la plupart des journées d’actions soient nationales. Mais pour mettre une pression suffisante sur Deliveroo, présent dans la plupart des pays européens, ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi nous avons entrepris depuis quelques mois de nous coordonner au niveau européen. Nous avons ainsi rencontré des livreurs de Turin, Bologne, Vienne, Londres et nous sommes allés soutenir les grèves du mois de Janvier à Bruxelles.
  • La grève est très souvent considérée comme un outil daté, qui ne fonctionnerait plus. Le capitalisme se serait modifié et les nouvelles formes du travail seraient particulièrement touchées par ce constat. Nous pensons au contraire que la grève reste le moyen le plus efficace et le plus juste pour gagner le rapport de force qui oppose les livreurs et la multinationale. Parce que c’est le principal levier que nous avons pour engager un bras de fer économique avec la multinationale et qu’il se fait à la base par les travailleurs, les premiers concernés. Cependant, en raison des caractéristiques spécifiques de notre exploitation, il nous faut repenser la grève pour l’adapter aux modalités de ces nouvelles formes de travail. Nous avons pris la décision de bloquer les restaurants pour mettre un maximum la pression et faire perdre le plus d’argent possible aux multinationales.
  • Pour éviter la répression, nous devons être nombreux pour ne pas nous faire virer instantanément, mettre nos téléphones en mode avion (ils ont accès à notre géolocalisation) et faire masse. Cela permet de discuter entre nous plus longtemps que 5 minutes entre deux livraisons, de recréer une conscience collective du travail : nous sommes collègues et non concurrents. Nous étions pour la plupart masqués lors des premières mobilisations, mais paradoxalement c’est beaucoup plus radical de se mobiliser à visage découvert et de revendiquer qu’en France en 2018 on a le droit de se battre pour nos conditions de travail. Par la grève, et la grève seule, nous pourrons nous emparer des moyens de production et faire en sorte que Deliveroo appartienne à ses livreurs et non à des obscurs actionnaires et des fonds de pension.
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    "L'ubérisation, stade suprême du capitalisme ? Depuis quelques années, les plateformes numériques réorganisent et transforment le travail, permettent à leurs propriétaires de maximiser leurs profits et de diviser les travailleurs. Ces derniers paient le prix fort : mal rémunérés, payés à la tâche, condamnés à la précarité. Malgré ces obstacles, les forçats de la pédale s'organisent et mènent des luttes. Dans cet article, un membre du collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP) nous raconte les mobilisations en cours face à Deliveroo. Au niveau local, national et transnational, les livreurs s'organisent, font alliance avec les syndicats et font pression sur la multinationale. Ils inventent des solutions qui permettront à l'avenir de créer une économie au service de ceux qui la font tourner."
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Les solutions de Tim Berners-Lee pour sauver le web - Le Temps - 0 views

  • Le scientifique a identifié trois problèmes principaux qui minent le web. D’abord, les appels à la haine, les trolls et les fausses informations qui se multiplient sur les réseaux. Ensuite, l’ensemble des actions de piratage, issues d’acteurs privés ou publics. Enfin, comme il l’écrit dans une tribune parue lundi soir, «une conception de système qui crée des incitations perverses dans lesquelles la valeur des utilisateurs est sacrifiée, comme des modèles de revenus basés sur la publicité qui récompensent commercialement les pièges à clics et la propagation virale de la désinformation».
  • A la tête de la Web Foundation, Tim Berners-Lee a présenté fin 2018 un «Contrat pour le web», sorte de charte des droits et devoirs des gouvernements, entreprises et particuliers. Mais pour le chercheur, qui n’appelle pas forcément à davantage de lois, ce document théorique ne suffit pas. Il faut agir sur les données. «Il y a la nécessité très forte, aujourd’hui, de séparer les applications des données, affirme-t-il. Ces programmes peuvent accéder et traiter vos photos, vos informations, vos contacts, etc., il n’y a pas de problème à cela. Mais vous devez avoir un contrôle permanent et total sur vos informations. C’est vous qui devez autoriser tel ou tel service à y accéder.»
  • Tim Berners-Lee a pour ce faire lancé sa propre entreprise, Inrupt, qui collabore avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Le physicien développe actuellement le projet Solid, qui vise à stocker les données personnelles des internautes dans des serveurs cloud ou physiquement chez soi. Le particulier décide ensuite quel service (LinkedIn, Facebook, Flickr, etc.) a accès à quelles données. «Le concept est simple, mais il s’agit d’un renversement total par rapport à la logique actuelle, avance Tim Berners-Lee. Nous créons des logiciels en open source pour Solid et nous appelons tous les développeurs intéressés à nous rejoindre.» Le physicien n’avance pas de date pour le lancement de Solid, qui vise selon lui à revenir au web originel, lorsque beaucoup de personnes connectées avaient leur propre site web.
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    "Trente ans après l'invention du web, son créateur Tim Berners-Lee s'inquiète des dérives du réseau. De passage mardi au CERN, à Genève, il a présenté plusieurs pistes pour réparer un système qui a changé le monde"
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[Réseau social] Cher Bilal Hassani. - affordance.info - 0 views

  • "Ce qui n'est pas compliqué c'est de fermer, simplement et définitivement les comptes de celles et ceux qui participent à des "raids numériques" appelant au viol de telle ou telle journaliste ou déniant à une ancienne actrice porno le droit d'avoir un enfant. Ce qui n'est pas compliqué c'est de fermer définitivement les comptes de celles et ceux qui utilisent le mot "crouille" ou "bougnoule" ou "PD" ou "sale fiotte" à longueur de tweets. Ces mots là sont la caractérisation en droit d'insultes à caractère raciste ou homophobe. Et en France, le racisme et l'homophobie ne sont pas des opinions mais des délits.  Et inutile de crier au risque d'une censure arbitraire et laissée aux mains des plateformes : je ne parle pas ici de comptes qui pourraient occasionnellement évoquer une imagerie nazi comme ce fut le cas de nombreux d'entre nous ces derniers jours suite à la Une polémique du Magazine du Monde, comptes et contenus qui sont d'ailleurs tout à fait improprement et aléatoirement bloqués dès qu'ils osent évoquer le mot nazi. Je parle des comptes d'authentiques sexistes, homophobes, racistes, antisémites et autres admirateurs assumés du 3ème Reich ou des pires dérives et appel à la haine de l'extrême droite. Les grandes plateformes disposent de l'historique complet de publication de ces comptes là. Elles disposent de technologies d'analyse linguistique qui leur permettent d'identifier et de recouper ces occurrences de la haine ou de l'incitation à la haine assumée. Elles pourraient, si elles disposaient d'un minimum d'éthique, faire travailler des modérateurs humains disposant des codes culturels permettant de contextualiser correctement ces dérives plutôt que de continuer d'exploiter des travailleurs pauvres aux Philippines pour ce travail de modération.   
  • Etes-vous prêt à réellement lutter contre les discours de haine, contre l'homophobie, en ajoutant dans vos CGU que chaque insulte raciste ou homophobe occasionnera la fermeture définitive du compte qui les a proférées ? Etes-vous prêt à perdre ces "clients" là qui ne sont pas, pour vous, anonymes, et qui ne l'ont jamais été ?
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    "C'est donc vous qui représenterez la France au concours le plus kitch de la galaxie connue. Depuis déjà trop longtemps mais particulièrement depuis que vous avez été choisi parmi d'autres candidats vous êtes la cible d'insultes homophobes (et racistes) avec une fréquence et un systématisme ahurissant. Ils ne sont qu'une goutte dans l'océan de louange qui vous enveloppe, mais cette goutte est un poison dont on ne peut qu'imaginer à quel point il est violent. Pour vous protéger tant bien que mal vous avez recours à un service qui permet de supprimer, d'invisibiliser les commentaires haineux (service intitulé Bodyguard). Et vous avez décidé de porter plainte. Et vous avez bien fait. Que peut-on faire d'autre d'ailleurs ? "
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Illectronisme : quelles solutions pour les exclus du numérique ? - U&R - 0 views

  • Le Livre Blanc appelle ainsi les concepteurs à améliorer la simplicité d’accès, estimant qu’une « grande part de responsabilité » incombe aux designers d’interface (UX designers) dans l’intégration des problématiques d’accessibilité aux outils du numérique. « Les concepteurs de sites ont tendance à créer des sites pour eux-mêmes, commente Olivier Sauvage, entrepreneur et fondateur de Wexperience, société de conseil en UX Design. C’est aussi un problème de formation : pendant leurs études, pratiquement aucun UX designer n’entend parler d’illectronisme. Il faut absolument former ceux qui font le web à ces questions-là ».
  • À moins que les personnes concernées par l'illectronisme ne soient aidées par les interfaces vocales. C’est le pari d’Olivier Mejean, directeur de demain.ai, un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans l'intelligence artificielle, et également contributeur du rapport. À ses yeux, la solution peut résider en deux lettres désormais bien connues : IA. « Pour apporter un service à ceux qui ne sont pas capables de communiquer via des interfaces, la meilleure solution n’est-elle pas de créer une interface sans interface ?  », explique-t-il, estimant qu’on peut « récupérer une partie des gens par la voix ».
  • L’apprentissage machine pourrait également permettre d’identifier les « abandonnistes », soit les 19% des Français qui, au cours des douze derniers mois, ont renoncé plus d’une fois à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser Internet. « La machine est capable de déceler les comportements anormaux, et donc d’identifier la personne qui est sur le point d’abandonner et de la rattraper, en lui proposant soit d’appeler un numéro, soit de prendre un rendez-vous, soit d'échanger avec un chatbot ». Soit exactement les stratégies déployées par les sites de e-commerce pour vous rattraper quand vous avez déguerpi avant de « valider votre panier » - leur hantise ultime.
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  • Alors que rien ne semble pouvoir arrêter la dématérialisation, le « cyberminimalisme » et l'émergence d'un « droit à la non-connexion qui donnerait le droit, par exemple, d’accéder aux services publics sans passer par un écran, en allant trouver un humain à un guichet » ne semblent donc toujours pas être des options pour notre futur. 
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    "Le Syndicat de la Presse sociale (SPS) publie un Livre Blanc contre l'illectronisme. Un phénomène qui concerne 23% de la population française."
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Exclusive: dramatic slowdown in global growth of internet access | Technology | The Gua... - 0 views

  • The growth of internet access around the world has slowed dramatically, according to new data, suggesting the digital revolution will remain a distant dream for billions of the poorest and most isolated people on the planet.
  • In 2014 the UN predicted that half the world would be online by 2017, but the slowdown means that line will not be crossed until May 2019, only months before the UN sustainable development goal of affordable internet access for all by 2020. The UN defines being online as having used the internet from any device in any location at least once in the past three months.
  • Had growth rates held steady near the 11% average for 2005 to 2017, more than half a billion extra people would now be online. Of the 3.8 billion who remain unconnected, an alarming proportion are women. In poor urban areas, men can outnumber women on the internet as much as two to one.
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  • Beyond missing out on economic opportunities, people who are unconnected are cut off from online public debates, education, social groups and the means to access digital government services such as filing taxes and applying for ID cards. “As our daily lives become increasingly digital, these offline populations will continue to be pushed farther to the margins of society,” the report states.
  • Many of those offline are in areas that are difficult, and therefore costly, to hook up to the internet. The expense puts telecoms providers off because the communities are those least able to afford the high prices they must charge to get a return on the investment. At the same time, the internet may have little appeal for people in the world’s most remote regions. Even if they can afford the mobile phone and data costs, they may lack the skills to go online, and find little of interest in a language they know if they do.
  • The persistent wage gap between men and women plays a large part in the digital gender divide but is far from the only factor. “Women are more likely to be left out because of economic inequalities and to a great extent social norms,” said Nanjira Sambuli, who leads the Web Foundation’s efforts to promote equal access to the web. “In some communities the whole idea of women owning anything of their own, even a mobile phone, is frowned upon.”
  • She added: “It’s a stark reminder that technology is not a silver bullet that is going to solve inequalities that exist and have continued to exist because of real factors that need to be addressed. These are challenges that have been kicked down the road.”
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    "Report showing dramatic decline in internet access growth suggests digital revolution will remain a distant dream for billions of people"
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Qui crée la valeur économique d'une nation ? - 0 views

  • Nous devons changer de cap, insiste-t-elle, dans ce livre stimulant. Entre autres choses, nous devons repenser la relation entre marchés et gouvernements ; faire une distinction claire entre créateurs de richesse et ceux qui ne font qu’en profiter ; avoir des ambitions collectives plus audacieuses, notamment passer à une économie plus écologique ; et investir pour l’avenir, au lieu de choisir une austérité stérile et contre-productive.
  • Ce livre vient après ‘The Entrepreneurial State’, dans lequel Mme Mazzucato a soutenu que le gouvernement a joué un rôle d’innovateur puissant dans l’économie moderne. L’argument principal de ce livre est qu’il est beaucoup trop facile pour ceux qui interviennent dans l’économie de marché de s’enrichir en profitant de la valeur économique créée par d’autres, au lieu d’en générer eux-mêmes.
  • La manière dont le secteur financier a généré une énorme augmentation de l’endettement des ménages au cours des années qui ont conduit à la crise financière de 2007-2009 en est un exemple évident. Cette concurrence stérile a financé l’achat du parc de logements existants à des prix très élevés. Cela a provoqué une crise importante, un surendettement, une faible croissance et un désenchantement politique. Ceci alors que, pour ceux qui ont créé, manipulé et vendu cette dette, c’était une mine d’or. C’était en fait de la valorisation accompagnée de destruction. Il en va de même pour la gestion d’actifs, avec ses pratiques abusives, ses frais exorbitants, son manque de transparence, sa mauvaise gestion et ses conflits d’intérêts. Ce secteur financier, ainsi que la “maximisation de la valeur pour les actionnaires” que les économistes ont défendu, a eu un effet néfaste sur l’ensemble des entreprises, soutient Mme Mazzucato, en encourageant les rémunérations exorbitantes ainsi que la manipulation des cours boursiers au détriment de l’investissement à long terme.
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  • La finance n’est pas seule sur le banc des accusés. Mme Mazzucato s’attaque également à ce qui se passe dans des secteurs qui paraissent avoir un effet plus bénéfique, tels que les technologies de l’information ou les produits pharmaceutiques. Selon elle, l’un des problèmes est l’octroi de droits de propriété intellectuelle trop généreux ou simplement injustifiables, comme le fait de pouvoir breveter des richesses biologiques ou des processus commerciaux très basiques.
  • Elle souligne également l’importance d’un secteur trop souvent considéré comme ne créant aucune valeur économique : le gouvernement. Le gouvernement fait plus que faire respecter la justice et assurer la sécurité, selon elle. Il construit des infrastructures, éduque les jeunes, prend en charge la santé de la population, finance la recherche fondamentale, et a souvent favorisé directement le développement économique. C’est le gouvernement américain, et non des entreprises privées, qui a créé bon nombre des technologies les plus fondamentales et celles qui ont le plus d’impact d’aujourd’hui : l’Internet et le système mondial de positionnement GPS en sont deux exemples spectaculaires.
  • Une thèse fondamentale du livre est que la confusion entre la captation de valeur et la création de valeur, et vice versa, a ses racines dans les erreurs des économistes. Une longue partie du livre traite de l’histoire de la notion de valeur en économie, depuis les mercantilistes du XVIIe siècle jusqu’aux économistes classiques du XVIIIe et du début du XIXe siècle, puis aux marginaux (ou “économistes néoclassiques”) de la fin du XIXe et du XXe siècle.
  • Les économistes classiques, notamment Adam Smith, David Ricardo et Karl Marx, étaient préoccupés par la distinction entre ceux qui créent de la valeur, ceux qui ne font que la faire circuler, et ceux qui vivent du travail des autres comme des parasites (exemple : les aristocrates propriétaires des terres), souligne-t-elle. C’étaient des distinctions à la fois économiques et morales. Les économistes néoclassiques, tels que Léon Walras, Stanley Jevons et Alfred Marshall, avec leur révolution marginale et leur volonté d’équilibre, ont supprimé ces distinctions : selon la théorie subjective de la valeur, le prix est simplement la meilleure indication de la valeur (marginale) : ce qui est cher est, au moins à la marge, précieux. Les choix que font les gens sont les seuls déterminants de la valeur.
  • Le fait que les économistes se concentrent sur ce qui est produit et mis sur le marché a deux autres conséquences, affirme Mme Mazzucato : l’hypothèse de base est que le gouvernement est considéré comme improductif, voire parasitaire, et les activités domestiques deviennent invisibles. Ces hypothèses ont été reprises dans le nouveau système de comptabilité nationale élaboré dans les années 1930 et 1940, d’où est née notre mesure du “produit intérieur brut”.
  • Néanmoins, elle met en avant un point crucial : ce que nous valorisons est un choix social, et une partie de ce que nous valorisons aujourd’hui – l’ingénierie financière, par exemple – relève plus de la justification du fait de profiter de la valeur, que de la création de valeur ajoutée.
  • Ce qui n’est pas mesuré ne compte pas. Mais ce qui est mesuré compte. Mme Mazzucato montre au lecteur la manière dont on donne de la valeur aux activités bancaires. Cette valeur économique ajoutée est actuellement mesurée par le coût des “services d’intermédiation financière indirectement mesurés”, c’est-à-dire par l’écart entre le coût de l’emprunt et le taux d’intérêt des prêts. Plus l’écart est grand, par hypothèse, plus les banques sont censées créer de la valeur. Cela revient à confondre un coût avec un bénéfice.
  • Selon Mme Mazzucato, les évidentes défaillances de nos économies sont la conséquence de notre incapacité à distinguer entre les activités qui créent, redistribuent et détruisent la valeur. Ceci, ensuite, encourage les profiteurs de valeur (comme les compagnies pharmaceutiques qui fixent les prix en fonction de ce que le marché supporte) ; cela effraie les acteurs non marchands, y compris les bureaucrates, qui auraient pu aider à créer de la valeur ; et cela encourage les décideurs politiques à croire que les solutions de marché, comme la Private Finance Initiative (PFI, partenariat public-privé britannique), qui ne fonctionne pas correctement, sont nécessairement supérieures à celles qui sont proposées par les gouvernements.
  • Ce que j’aurais préféré lire, cependant, c’est une enquête approfondie sur quand et comment les gouvernements ajoutent de la valeur. Le gouvernement américain, par exemple, a joué un rôle extraordinaire en matière d’innovation, en particulier par l’intermédiaire du ministère de la Défense et des National Institutes of Health. Mais dans quelle mesure cela est-il vraiment pertinent pour les pays dont les ressources économiques et scientifiques sont plus limitées ? Comment s’assurer que les gouvernements ajoutent de la valeur plutôt que de simplement l’extraire, la prélever et la gaspiller ? Dans son enthousiasme sur le rôle potentiel de l’État, l’auteur sous-estime considérablement les importants dangers que représentent l’incompétence et la corruption gouvernementales.
  • Néanmoins, il y a trois points forts importants dans cet ouvrage. Premièrement, Mme Mazzucato nous pousse à nous éloigner du credo simpliste selon lequel les marchés sont toujours positifs et les gouvernements toujours négatifs. Deuxièmement, elle propose à la gauche un objectif positif de prospérité grâce à l’innovation, à la place d’une politique stérile et, finalement destructrice, de redistribution. Enfin, elle nous oblige à nous demander ce qui ajoute de la valeur à la société et comment créer un ordre économique et social qui favorise cela. En lui-même, ce livre crée de la valeur en nous forçant à nous confronter à ces points de vue.
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    "Qui crée de la valeur ? Qui profite de la valeur ? Qui détruit de la valeur ? Si nous confondons ceux qui profitent de la valeur ou détruisent la valeur avec ceux qui la créent, nous finirons avec des sociétés appauvries et malheureuses, au sein desquelles règnent les pillards."
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Learning analytics et université : quels risques pour la vie privée des étudi... - 0 views

  • Un professeur du Wisconsin soulignait à juste titre que « quand des personnes défendent des budgets, elles doivent ensuite prouver que les crédits obtenus ont été utilisés intelligemment. Et un des moyens d’y parvenir est de s’appuyer sur les données d’utilisation. »
  • Par ailleurs, cette surveillance est parfois réalisée à l’insu des étudiants qui ne mesurent pas que l’accès à telle ressource électronique, le temps passé sur tel article ou le téléchargement d’un livre électronique est consciencieusement collecté. Par conséquent, si l’étudiant n’a pas connaissance de ces techniques d’analyse d’apprentissage, il n’a pas la possibilité d’exercer son opposition à ce traitement de données. En outre, l’analyse d’apprentissage suppose, comme pour tout traitement de données, une sécurisation des données collectées qui pourraient être utilisées à des fins qui ne correspondent pas aux finalités initiales du traitement. Ou bien elles pourraient être utilisées par un prestataire sur lequel l’établissement n’a aucun contrôle.
  • Dans ce contexte, Briney participe à Data Doubles un projet financé par l’Institue Museum and Library Services qui consiste à mesurer l’impact sur les étudiants de l’utilisation de leurs données par les universités et les bibliothèques. Ce serait intéressant de construire un projet similaire en France.
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  • Et bien évidemment plus on recueille de données, plus le risque de ré-identification est fort. La responsable de la vie privée de l’Université de Berkley a produit une grille de questions qu’il convient de se poser afin de réduire les risques : Degré de transparence et de prédictabilité : dans quelle mesure les personnes sont-elles informées sur l’objet de la collecte de données et l’utilisation qui en sera faite ? Degré d’anonymité et de choix : dans quelle mesure les données sont-elles rendues anonymes, ou la personne a-t-elle le choix de participer ? Degré d’accès, de propriété et de contrôle : quel est le niveau d’accès et de propriété des données pour les individus, les institutions, les vendeurs de prestations et le public ? Responsabilité en matière d’utilisation éthique, de gérance et de gouvernance : quels principes éthiques et quelles mesures de responsabilisation les entités qui manipulent les données des étudiant·e·s démontrent-elles ? Quels sont les standards de sécurité et techniques mis en oeuvre ?
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    "Le développement du big data traverse l'ensemble des secteurs de notre société y compris les universités. En effet, le milieu universitaire est également confronté à une production exponentielle de données réalisée dans le cadre de la recherche, c'est évident, mais aussi par les étudiants. Un article de l'Université de l'Arizona publié en début d'année rappelait combien les étudiants étaient scrutés notamment à travers l'utilisation de leur carte étudiante. L'objectif de l'université était de pouvoir prédire quels sont les étudiants qui abandonneront leurs études en cours d'année ou de cursus. Qui dit étudiant, dit aussi bibliothèque universitaire. Les BU pourraient être tentées de céder « à la mesure, la collecte, l'analyse et la présentation de rapports basés sur des données des apprenants en contexte d'apprentissage » (source), autrement dit aux méthodes de Learning Analytics."
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Le mythe de la technologie salvatrice | Esprit Presse - 0 views

  • Le débat entre les pessimistes, qui craignent pour l’environnement, et les optimistes, tenants du business as usual, ne porte donc pas sur la nécessité d’agir – personne n’est vraiment pour la disparition des éléphants ou la contamination des nappes phréatiques aux pesticides –, mais sur la gravité du problème, l’intensité et la vitesse avec laquelle il faudrait réagir, la possibilité de changer modes de production et habitudes de consommation, la manière (régulation, taxes, incitations, soutien public…) et les moyens (financiers, techniques) de mener la transition.
  • De fait, les solutions techniques sont présumées disponibles et abordables, sinon à portée de main, que ce soit pour les énergies « décarbonées », les solutions de mobilité du futur ou la capacité des rendements agricoles à toujours s’accroître – ou à se maintenir. Les plus audacieux, comme Jeremy Rifkin, vont jusqu’à promettre de telles « ruptures » technologiques – un vocable à la mode – que tout ou presque en deviendrait gratuit ou à « coût marginal zéro », à commencer par l’énergie issue de sources renouvelables2.
  • La pénurie a bien été un aiguillon essentiel, à l’origine d’une grande partie des innovations de la révolution industrielle, car la croissance permanente de la consommation allait bientôt dépasser les capacités de ponction sur les ressources renouvelables, locales ou importées. Jusque tard dans le xixe siècle, il y eut une limite purement « surfacique » à la production de produits essentiellement animaux et végétaux 
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  • Globalement (hors l’épineux problème de répartition), le système technique, enchâssé dans un système social, moral et culturel qu’il modifiait à mesure, a plutôt bien répondu aux « besoins ». Mais cela a eu un prix : celui d’une fuite en avant, d’une accélération permanente entre des risques de pénuries et de nouvelles solutions pour y répondre, créant elles-mêmes de nouveaux besoins et de nouveaux risques ; celui de pollutions, de destructions sociales et environnementales sans précédent. Nos « ingénieurs thaumaturges » font rarement des omelettes sans casser des œufs.
  • À quoi ressembleraient nos campagnes, s’il avait fallu y monter les nouvelles usines – et assumer leurs rejets – pour notre consommation exponentielle de téléphonie, d’informatique, de jouets, de vêtements ? Pour y répondre, il faut regarder les zones industrielles chinoises. Mais grâce à la distance, nous nous berçons d’illusions sur la « dématérialisation » de l’économie et la croissance « verte » à base de nouvelles technologies.
  • Le numérique n’a rien de virtuel. Il mobilise toute une infrastructure, des serveurs, des bornes wifi, des antennes-relais, des routeurs, des câbles terrestres et sous-marins, des satellites, des centres de données… Il faut d’abord extraire les métaux (argent, lithium, cobalt, étain, indium, tantale, or, palladium…), engendrant destruction de sites naturels, consommation d’eau, d’énergie et de produits chimiques nocifs, rejets de soufre ou de métaux lourds et déchets miniers. Ensuite fabriquer les composants, comme les puces au silicium qui nécessitent quantité d’eau purifiée, mais aussi du coke de pétrole, du charbon, de l’ammoniaque, du chlore, des acides, etc., fournis par le cœur du capitalisme « carbonifère9 ». Puis faire fonctionner le tout, avec plus de 10 % de l’électricité mondiale ! Enfin, se débarrasser des déchets électroniques, parmi les plus complexes à traiter : une partie – majoritaire – est incinérée ou jetée en décharge ; une autre rejoint les circuits « informels » (Afrique de l’Ouest, Chine…), où ils sont brûlés à l’air libre et empoisonnent les sols et les eaux. Le reste rejoint quelques usines spécialisées, qui ne récupèrent que partiellement les ressources. In fine, le taux de recyclage de nombreux métaux rares est inférieur à 1 %, un terrible gâchis.
  • Pourtant, plus que jamais, nous vivons dans la religion exclusive du « techno-solutionnisme », en plaçant tous nos espoirs dans les innovations et les effets bénéfiques (futurs) du numérique, en fantasmant un monde où tout sera bien mieux optimisé, où les outils et les services numériques seront facteurs d’efficacité et de sobriété : énergies renouvelables distribuées par des smart grids, covoiturage bientôt servi par des véhicules autonomes, déplacements fluidifiés dans les smart cities, économie de la fonctionnalité réduisant les équipements individuels, etc., sans parler des biotechnologies et des applications médicales.
  • Mieux, les technologies de demain ne seront pas seulement propres, elles seront réparatrices : les bactéries modifiées génétiquement dépollueront les sols, les big data et les capteurs protégeront les forêts tropicales, la science ressuscitera même le mammouth laineux, dont l’Adn dégèle en même temps que le permafrost.
  • Peut-on compter sur une « sortie par le haut » à base d’innovation technologique ? Il serait périlleux de tout miser dessus. En premier lieu parce que la plupart des technologies prétendument « salvatrices » nécessitent, à plus ou moins grande échelle, des ressources métalliques, non renouvelables, et viennent accélérer, plutôt que remettre en cause, le paradigme « extractiviste » de notre société thermo-industrielle
  • En second lieu parce que les gains d’efficience sont balayés par un formidable effet « rebond ». Indéniablement, la consommation d’énergie des véhicules, des avions, des centres de données, des procédés industriels baisse régulièrement, les innovations sont nombreuses et les progrès réels. Mais la croissance du parc automobile, des kilomètres parcourus, des données échangées et stockées est largement supérieure aux gains unitaires. Entre 2000 et 2010, le trafic internet a été multiplié par cent. Que vaut alors une amélioration de quelques dizaines de points d’efficacité énergétique par octet ?
  • Il n’y a pas de solution technique permettant de maintenir – et encore moins de faire croître – la consommation globale d’énergie et de ressources. En continuant à alimenter la « chaudière du progrès11 », nous nous heurterons tôt ou tard aux limites planétaires, régulation climatique en tête. C’est donc – aussi – vers l’économie de matières qu’il faut orienter l’innovation. Avant tout par la sobriété, en réduisant les besoins à la source, en travaillant sur la baisse de la demande et pas seulement sur le remplacement de l’offre.
  • Mais on peut imaginer toute une gamme d’actions, comme bannir le jetable, les supports publicitaires, l’eau en bouteille, revenir à des emballages consignés, composter les déchets même en ville dense, brider progressivement la puissance des véhicules et les alléger, avant de passer au vélo, adapter les températures dans les bâtiments et enfiler des pull-overs, car il est bien plus efficace, plus simple, plus rapide, d’isoler les corps que les bâtiments !
  • Pour recycler au mieux les ressources et augmenter la durée de vie de nos objets, il faudra les repenser en profondeur, les concevoir simples et robustes (Ivan Illich aurait dit « conviviaux »), réparables et réutilisables, standardisés, modulaires, à base de matériaux simples, faciles à démanteler, n’utiliser qu’avec parcimonie les ressources rares et irremplaçables comme le cuivre, le nickel, l’étain ou l’argent, limiter le contenu électronique. Quitte à revoir le « cahier des charges », accepter le vieillissement ou la réutilisation de l’existant, une esthétique moindre pour les objets fonctionnels, parfois une moindre performance, de l’intermittence, une perte de rendement ou un côté moins « pratique ».
  • Pourquoi ne pas tenter plutôt la voie d’une transition post-croissance vers un nouveau « contrat social et environnemental » ?
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    "Les coûts écologiques de la technique (déchets, pollution) sont rendus invisibles par la délocalisation de la production industrielle. Ils devraient nous inciter à promouvoir une technologie sobre et résiliente."
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Charter for Building a Data Commons for a Free, Fair and Sustainable Future | CommonsBlog - 0 views

  • 1. **Reflect on your intentions together** Discuss the core of your project again and again. Everybody involved should always feel in resonance with the direction in which it’s heading.
  • 2. **Make your community thrive** For the project to be successful, a reliable community is more important than anything else. Care for those who might support you when you need them most.
  • 3. **Separate commons and commerce** Mapping for the commons is different from producing services or products to compete on the map-market.
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  • 4. **Design for interoperability** Think of your map as a node in a network of many maps. Talk with other contributors to the Data Commons to find out if you can use the same data model, licence and approach to mapping.
  • 5. **Care for a living vocabulary** Vocabularies as entry points to complex social worlds are always incomplete. Learn from other mappers‘ vocabularies. Make sure your vocabulary can be adjusted. Make it explicit and publish it openly, so that others can learn from it too.
  • 6. **Document transparently** Sharing your working process, learnings and failures allow others to replicate, join and contribute. Don’t leave documentation for after. Do it often and make it understandable. Use technologies designed for open cooperation.
  • 7. **Crowdsource what you can** Sustain your project whenever possible with money, time, knowledge, storing space, hardware or monitoring from your community or public support. Stay independent!
  • 8. **Use FLOSS tools** It gives you the freedom to further develop your own project and software according to your needs. And it enables you to contribute to the development of these tools.
  • 9. **Build upon the open web platform** Open web standards ensure your map, its data and associated applications cannot be enclosed and are prepared for later remixing and integration with other sources.
  • 10. **Own your data** In the short run, it seems to be a nightmare to refrain from importing or copying what you are not legally entitled to. In the long run, it is the only way to prevent you from being sued or your data being enclosed. Ban Google.
  • 11. **Protect your data** To own your data is important, but not enough. Make sure nobody dumps your data back into the world of marketization and enclosures. Use appropriate licenses to protect your collective work!
  • 12. **Archive your project** When it doesn’t work anymore for you, others still might want to build on it in the future.
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    "Nations-States rely on constitutions. Common(er)s find common ground through a Charter. If you are part of the co-creation of a powerful Data Commons - through mapping, coding, data modelling or other activities - this is for you. It is an fundamental building-block for online and offline cooperation. The following is version 0.6 of what has been called in previously: Charter for Building a Data Commons of Alternative Economies or Mapping for the Commons Manifesto. We, the participants of the Intermapping meeting (March 2017 in Florence), hope to hereby publish a version that provides orientation to the countless mapping processes for a free, fair and sustainable world. We invite you to work together on the practical issues: how to implement the principles outlined in the Charter (see below)? Let's federate our efforts to make the Commons thrive!"
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affordance.info: Les algorithmes du Dr Frankenstein (ou pourquoi faut pas pou... - 0 views

  • néo-fascisme documentaire distinguant une humanité sur-documentée d'une humanité sous-documentée, néo-fascisme nourri d'un fétichisme du fichier (et du fichage). Et je milite et alerte comme je peux sur l'impérieuse nécessité et urgence de nourrir une réflexion politique radicale visant à une forme de "nationalisation" des grandes plateformes et du code informatique, et à réinstaurer des formes légitimes de "communs" (dont un index indépendant du web entre autres). 
  • Le problème n'est plus tant de se demander comment construire des technologies avec des sciences comportementales que de voir s'il est encore possible, pour en limiter l'impact politique et démocratique, de déconstruire la logique qui a mené quelques grandes plateformes à construire et à normer des comportements avec des technologies opérant dans le cadre d'architectures techniques toxiques.  
  • En gros le pitch de l'article du Guardian est, à partir notamment des travaux de Cathy O'Neil (les algorithmes comme "armes de destruction matheuse") et Neil Johnson, et en remobilisant des exemples issus du Trading Haute-fréquence ou du récent fait-divers sur le premier décès "accidentel" causé par une voiture autonome (dont je vous avais moi-même longuement parlé), de revenir en détail sur ces nouvelles "approches algorithmiques" ou "l'algorithme" ne désigne plus simplement la trivialité d'une série d'instructions logico-mathématiques mais un environnement complexe d'automatismes décisionnels sur la base de gigantesques jeux de données (Datasets) que plus personne n'est en mesure de comprendre ou d'englober dans leur totalité, à commencer par ceux-là mêmes qui développent lesdits algorithmes et jeux de données**.
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  • Et l'article du Guardian évoque donc ces "Franken-algorithms" : ces algorithmes semblables à la créature du Dr Frankenstein, des Franken-algorithmes qui deviennent totalement imprévisibles (et donc potentiellement très dangereux) non seulement au travers de leur mode opératoire "auto-apprenant" (on parle aussi d'algorithmes "génétiques" et "d'apprentissage renforcé" - Reinforced Learning) mais aussi et surtout au travers de ce que leur marge d'incertitude et d'imprévisibilité intrinsèque peut donner lorsqu'elle entre en interaction avec d'autres algorithmes, avec des comportements sociaux individuels ou collectifs, ou avec le monde - et les objets - physique(s).
  • Voilà ce qui, sur mon petit schéma donne naissance au "SPA", une sorte de "Service Public de l'Algorithmie" que mon côté Marxiste idéalise peut-être mais que je crois nécessaire et urgent de bâtir si nous voulons éviter de prendre le risque d'un Hiroshima technologique désormais plus que probable à l'échelle de nos formes démocratiques de gouvernance qui ont déjà en partie basculé dans les formes assumées et délétères de surveillance.
  • Au-delà de la seule transmission de connaissances ou d'informations, l'enjeu de l'apprentissage est de permettre à "celui qui apprend" de pouvoir un jour s'affranchir de la dépendance à "celui qui lui enseigne" certaines règles et certains codes sociaux. Et d'être en capacité de pouvoir à son tour "faire", "transmettre", "produire", "jouer" mais aussi "tricher" ou "faire semblant". Le souci, me semble-t-il, est que nous sommes aujourd'hui majoritairement et collectivement incapables de formuler clairement la raison pour laquelle nous voulons que ces algorithmes apprennent et nous échappent autrement.
  • Voilà pourquoi sans aller vers un radicalisme luddite dont Eric Sadin et quelques autres sont les opportunistes ténors, il nous faut construire une alternative politique qui, après le temps numérique de la "désintermédiation", soit celui de formes de remédiations respectueuses du corps social et partant de sa partie la plus fragile, la plus pauvre, et la plus exposée.
  • La vie de la cité aujourd'hui (c'est à dire "le" politique au sens étymologique), notre vie, est prise entre des techno-craties qui organisent l'espace économique et des techno-structures qui organisent l'espace social. Les plateformes comme Facebook, Google ou Amazon ont comme point commun d'être les premières techno-craties algorithmiques dans lesquelles les données ont fonction d'infrastructure et qui organisent l'espace social pour satisfaire à des impératifs d'organisation économique. 
  • Dans la montée partout en Europe (et ailleurs) des néo-fascismes qu'une pudibonderie tout à fait déplacée nous désigne sous l'euphémisme de "droites extrêmes", au moment où chacun est conscient de l'impact que jouent les architectures techniques toxiques dans la polarisation de l'opinion, alors même qu'il est établi, comme le rappelait récemment Cory Doctorow que  "le problème de Facebook n'est pas un problème de contrôle des esprits mais un problème de corruption : Cambridge Analytica n'a pas convaincu des gens ordinaires de devenir racistes mais ils ont convaincu des racistes d'aller voter", il ne faudrait pas qu'aux algorithmes du Dr Frankenstein s'ajoutent les ambitions politiques d'Anénoïd Hynkel.
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La directive Copyright n'est pas une défaite pour l'Internet Libre et Ouvert ... - 0 views

  • Trop souvent, nous avons concentré nos énergies sur des combats législatifs, hypnotisés par l’idée que le décompte des voix conduirait à une sorte « d’ordalie démocratique ». Cela nous a donné plusieurs fois l’illusion d’avoir remporté quelque chose, comme au moment du rejet de l’ACTA, alors que les racines du problème restaient intactes. Mais heureusement en sens inverse, si la victoire n’est jamais acquise en cas de succès législatif, il en est de même pour la défaite. Et rien ne serait plus faux que de penser que le vote de cette semaine sur la directive Copyright constitue la fin de l’histoire, sous prétexte que nous aurions encaissé là une défaite décisive !
  • Certes les articles 11 et 13 du texte, qui instaurent une obligation de filtrage automatisé des plateformes et une taxe sur les liens hypertextes au profit des éditeurs de presse, représentent des monstruosités contre lesquelles il était nécessaire de lutter. Mais il convient à présent d’apprécier exactement la portée de ces mesures, pour réadapter très rapidement notre stratégie en conséquence à partir d’une appréhension claire de la situation. Or cette « vision stratégique d’ensemble » est à mon sens précisément ce qui a manqué tout au long de cette campagne dans le camp des défenseurs des libertés numériques et il est inquiétant de constater que ces erreurs de jugement n’ont pas disparu maintenant que l’heure est venue d’analyser les conséquences du scrutin.
  • On a pu voir par exemple cette semaine l’eurodéputée du Parti Pirate Julia Reda expliquer sur son blog que ce vote constituait un « coup dur porté à l’internet libre et ouvert » (Today’s decision is a severe blow to the free and open internet). De son côté, Cory Doctorow a écrit un article sur le site de l’EFF, où il affirme que « l’Europe a perdu Internet » (Today, Europe lost the Internet). Sur Next INpact, Marc Rees déplore dans la même veine « une mise au pilori du Web tel que nous le connaissons, un affront à la liberté d’expression. » Ces appréciations font écho au mot d’ordre qui fut celui des défenseurs des libertés en campagne contre les articles 11 et 13 de la Directive : Save Your Internet (Sauvez votre Internet).
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  • Or lorsqu’on lit attentivement ces articles, tels qu’amendés par le vote des eurodéputés, on se rend compte qu’ils ne visent pas pas « l’Internet » ou « le Web » tout entier, mais seulement une catégorie d’acteurs déterminés, à savoir les plateformes centralisées à but lucratif. Ce n’est donc pas « l’Internet libre et ouvert » qui va être frappé par cette directive, mais plutôt exactement ce qui représente son antithèse ! A savoir cette couche d’intermédiaires profondément toxiques qui ont dénaturé au fil du temps les principes sur lesquels Internet et le Web s’appuyaient à l’origine pour nous faire basculer dans la « plateformisation ».
  • Or le grand mensonge sur lesquels s’appuient les GAFAM – principaux responsables de cette centralisation -, c’est de chercher à faire croire qu’ils représentent à eux-seuls l’Internet tout entier, comme si rien ne pouvait plus exister en dehors de leur emprise. En ce sens quand j’entends Cory Doctorow dire que nous « avons perdu Internet » à cause de mesures ciblant les acteurs centralisés lucratifs, je ne peux que frémir. Avec tout le respect que je peux avoir pour ce grand monsieur, ses propos paraissent avoir incorporé la prétention des GAFAM à recouvrir le web et c’est particulièrement grave. Car c’est précisément cela qui constituerait la défaite finale des défenseurs des libertés : se résigner à cet état de fait et ne pas agir sur les marges dont nous disposons encore pour briser cette hégémonie.
  • Sur Next INpact, Marc Rees identifie avec raison le changement le plus profond que ce texte va amener : il remet en question la distinction classique entre hébergeurs et éditeurs, issue de la directive eCommerce de 2000. Jusqu’à présent, les hébergeurs bénéficiaient d’une responsabilité atténuée vis-à-vis des actes commis par leurs utilisateurs. Au lieu de cela, la directive Copyright introduit une nouvelle catégorie d’intermédiaires dits « actifs » qui devront assumer la responsabilité des contenus qu’ils diffusent, même s’ils ne sont pas directement à l’origine de leur mise en ligne.
  • On voit que le « rôle actif » se déduit de trois éléments : la taille de l’acteur, son but lucratif et la hiérarchisation automatisée de contenus. Ce sont donc bien des plateformes centralisées lucratives, type Facebook ou YouTube, qui devront assumer cette nouvelle responsabilité. Pour y échapper, elles devront conclure des accords de licence pour rémunérer les ayant droits et, à défaut, déployer un filtrage automatisé des contenus a priori. En pratique, elles seront certainement toujours obligées de mettre en place un filtrage, car il est quasiment impossible d’obtenir une licence capable de couvrir l’intégralité des œuvres pouvant être postées.
  • La directive a par ailleurs pris le soin de préciser que les « prestataires sans finalité commerciale, comme les encyclopédies en ligne de type Wikipedia » ainsi que les « plateformes de développement de logiciels Open Source » seraient exclus du champ d’application de l’article 13, ce qui donne des garanties contre d’éventuels dommages collatéraux.
  • Marc Rees nous explique que cette évolution est dangereuse, parce que l’équilibre fixé par la directive eCommerce constituerait le « socle fondamental du respect de la liberté d’expression » sur Internet. Mais cette vision me paraît relever d’une conception purement « formelle » de la liberté d’expression. Peut-on encore dire que ce qui se passe sur Facebook ou YouTube relève de l’exercice de la liberté d’expression, alors que ces acteurs soumettent leurs utilisateurs à l’emprise d’une gouvernance algorithmique de plus en plus insupportable, que cible précisément la notion de « rôle actif » ?
  • Il est peut-être temps de tirer réellement les conséquences de la célèbre maxime « Code Is Law » de Lawrence Lessig : le droit n’est qu’une sorte de voile dans l’environnement numérique, car c’est le soubassement technique sur lequel s’appuie les usages qui conditionne réellement l’exercice des libertés. Quoi que dise la directive eCommerce, il n’y a quasiment plus rien qui relève de l’exercice de la liberté d’expression sur les plateformes centralisées lucratives, sinon une grotesque parodie qui salit le nom même de la liberté et nous en fait peu à peu perdre jusqu’au sens ! En le lisant « en creux », l’article 13 dessine au contraire l’espace sur Internet où la liberté d’expression peut encore réellement s’exercer : le réseau des sites personnels, celui des hébergeurs ne jouant pas un rôle actif et – plus important encore – les nouveaux services s’appuyant sur une fédération de serveurs, comme Mastodon ou Peertube.
  • Ce qui va se passer à présent avec l’obligation de filtrage automatisée, c’est que les grandes plateformes centralisées lucratives, type YouTube ou Facebook, vont sans doute devenir des espaces où les utilisateurs éprouveront le poids d’une répression « à la chinoise » avec la nécessité de se soumettre à un contrôle algorithmique avant même de pouvoir poster leurs contenus. Le contraste n’en sera que plus fort avec les espaces restant en dehors du périmètre de l’article 13, que les créateurs et leur public seront d’autant plus incités à rejoindre. Doit-on réellement le déplorer ?
  • On retrouve ici le problème de « l’agnosticisme économique » dont j’ai déjà parlé sur ce blog à propos du fonctionnement même des licences libres. En refusant de discriminer selon les types d’usages économiques, les défenseurs du Libre se sont en réalité privés de la possibilité de développer une réelle doctrine économique. C’est ce même aveuglement aux questions économiques qui conduit à des aberrations de positionnement comme celles que l’on a vu au cours de cette campagne contre la directive Copyright. Comment mobiliser autour du mot d’ordre « Save Your Internet », alors que cet « Internet » que l’on a voulu faire passer pour « le notre » comprend en réalité les principaux représentants du capitalisme de surveillance ? C’est le sens même de nos luttes qui disparaît si nous ne nous donnons pas les moyens d’opérer des distinctions claires parmi les acteurs économiques.
  • En juin dernier, c’est-à-dire avant même le premier vote sur la directive, La Quadrature du Net a commencé à développer ce type d’analyses, en suggérant de ne pas s’opposer à l’introduction du critère du « rôle actif » des plateformes pour au contraire le retourner comme une arme dans la lutte contre la centralisation
  • L’enjeu n’est pas de chercher – sans doute vainement – à supprimer l’article 13, mais de réussir à délimiter clairement son périmètre pour s’assurer qu’il ne s’appliquera qu’à des acteurs centralisés lucratifs procédant à une hiérarchisation des contenus. Manœuvrer ainsi ferait peser sur les GAFAM une charge écrasante, tout en préservant un espace pour développer un réseau d’acteurs éthiques non-centralisés et inscrits dans une logique d’économie solidaire. Il n’y a qu’au sein d’une telle sphère que l’on puisse encore espérer œuvrer pour un « Internet Libre et Ouvert ».
  • Il faut aussi sortir de l’urgence immédiate imposée par cette série de votes pour se replacer dans le temps long. De toutes façons, quelle que soit l’issue des dernières négociations, il restera encore plusieurs années (3, 4, peut-être plus ?) avant que la directive ne soit transposée dans les pays de l’Union. C’est un délai appréciable qui nous laisse encore le temps de travailler au développement de cette sphère d’acteurs alternatifs.
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    "Bien que la directive droit d'auteur soit le symptôme d'une soumission économique de nos industries aux géants du Web, elle crée néanmoins l'opportunité de remettre en cause ces géants, au profit de l'Internet décentralisé. C'est ce que nous rappelle Calimaq, membre de La Quadrature du Net, dans cette tribune - initialement publiée sur son blog."
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Peut-on créer un nouveau moteur de recherche aujourd'hui ? U&R - 0 views

  • Si elle n’est pas en mesure de construire sa propre base et son propre index rapidement et efficacement, vous aurez beau l’interroger, aucun résultat n’en sortira… Peut-elle le faire ? Techniquement oui. Cela va néanmoins lui coûter cher car il va falloir qu’elle achète des milliers de serveurs pour stocker une réplique du web. Mais c’est possible, et c’est justement ce qu’est en train de faire Qwant. Ce moteur de recherche français construit son propre index, qui contient actuellement près de 20 milliards de pages. Cette société bâtit ainsi progressivement son indépendance technologique. Cette barrière technique et financière n’est donc pas infranchissable en soi. Le problème est qu’elle est doublée d’autres barrières autrement plus élevées. Lesquelles ?
  • D’abord, toute nouvelle entreprise créant un moteur de recherche innovant commercera son travail d’indexation à partir du moment où … elle commencera à le faire. Cette lapalissade a en réalité un sens profond : si Google a commencé à indexer le web en 1998, notre jeune société innovante a accumulé un retard de 20 dans la collecte des données du web. Mais ce n’est pas tant les couches successives du web qui vont lui faire défaut. C’est surtout 20 ans d’analyse des habitudes des internautes.
  • Or Google a verrouillé la connaissance client. Comment ? En offrant toute la panoplie des parfaits services web. Voyons le cheminement de l’internaute, c’est-à-dire « vous », sur la toile. Après vous être connecté, la première chose que vous ferez sera d’ouvrir un navigateur (Google a développé le navigateur Chrome pour les ordinateurs et Android pour les téléphones, dont il détient 80% de part de marché). Puis vous allez généralement consulter vos mails (Google a développé Gmail). Vous ferez ensuite des recherches (Google search a 92% de part de marché en France). Quand vous cliquez sur un lien vous arrivez sur un site. Et même à l’intérieur du site, Google sait comment vous naviguez grâce à son outil d’analyse d’audience (Google Analytics là encore possède près de 80% de part de marché). Que vous recherchiez un endroit où aller ou une vidéo à regarder, Google Maps et Youtube règnent sans réelle concurrence. Vous êtes donc cerné par ces outils. C’est cette « capture » dans le monde Google qui est préoccupante.
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  • Les jeunes moteurs Lilo ou Ecosia sont adossés à Bing, sinon ils n’existeraient tout simplement pas. Ils ventent leur orientation écologique pour séduire l’internaute. Qwant utilise Bing pour compléter les résultats issus de son propre index, lorsque c'est nécessaire, en particulier sur les images. Et ce dernier a fait du respect de la vie privée son cheval de bataille.
  • On peut reprocher à Google sa position hégémonique, sa captation continuelle d’informations sur ses utilisateurs, sa malhonnêteté fiscale et concurrentielle sanctionnée récemment par la Commission Européenne. Mais beaucoup de personnes, en réalité, ignorent ou s’accommodent de cet état de fait. Cette soumission consentie du grand public risque de faire disparaitre une partie de notre liberté numérique. Par contre, les autorités américaines et européennes peuvent-elles accepter cette « confiscation » du web et cette « captation » des internautes qui empêchent de facto l’apparition de tout nouvel acteur ? On peut imaginer que, dans un monde normal, la réponse serait négative ! Quelle solution ?
  • Une troisième idée consiste simplement à empêcher Google d’imposer son navigateur sur les ordinateurs (Chrome) et surtout sur les mobiles (Android), privant les autres moteurs de recherche de la possibilité d'investir le marché de façon équitable. Cette solution simple et réaliste est certainement la plus prometteuse. L’amende récente de la Commission Européenne va dans ce sens.
  • On pourra poursuivre en objectant que les moteurs chinois (Baidu) ou Russe (Yandex) existent bien et prouvent qu’une alternative est possible. Mais ces derniers sont le reflet d’une politique volontariste d’Etats en délicatesse avec l’hégémonie américaine. Ils ne sont en rien le produit d’une libre concurrence.
  • On pourra objecter qu’une révolution technique peut toujours poindre, avec comme ingrédient la blockchain, une autre forme d’indexation ou une autre forme de distribution du référencement. Bien sûr, mais la création de la valeur est actuellement totalement phagocytée par les GAFAM, et si une révolution voit le jour, elle risque d’être préemptée, voire étouffée dans l’œuf par les géants en position monopolistique.
  • Une autre critique peut porter sur le fait que Google n’est qu’une partie du problème, et que c’est la puissance du système composé des GAFAM, de la dynamique d’innovation américaine, de son système de financement, … qui est en cause. Mais là encore nous pourrions rétorquer qu’en s’attaquant à un premier acteur emblématique, il se créé un précédent qui pourra ensuite s’étendre aux autres rouages du système.
  • Mais en définitive, le peuple européen peut aussi s’exprimer. Nous sommes les clients et donc avons un pouvoir considérable. Pourquoi ne pas faire l’expérience d’une sortie de Chrome et d’Android ? Firefox est un excellent navigateur pour ordinateurs. Quant aux mobiles, des solutions se font jour avec notamment FairPhone et la suite Framasoft. Soyons clair : sortir complètement de Google n’est pas facile, mais les bénéfices à long terme sont à la mesure des enjeux !
  •  
    "Un moteur de recherche concurrent à Google n'a aujourd'hui presque aucune chance d'émerger, explique Jérôme Bondu, lecteur d'Usbek & Rica et directeur de la société Inter-Ligere. Or les implications sur notre liberté sont grandes, car nous sommes « capturés » dans le monde de Google, estime-t-il, proposant des pistes pour s'affranchir de cette emprise. "
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Le CES de Las Vegas ou l'urgence de la sobriété numérique | Perspectives sur ... - 0 views

  • Le numérique, c’est surement là où les logiques de surconsommation, de renouvellement accéléré des équipements, d’options ubuesques, et des traitements "chaotiques" des déchets sont les plus fortes. C’est donc pour tout cela que la sobriété doit pénétrer pleinement désormais le numérique. Il ne semble pas que ce soit le chemin pris aujourd’hui, même si plusieurs acteurs notables tentent quelques propositions en ce sens : La Fing avec une journée Agenda pour le futur sur la « sobriété numérique » en 2018 ou son appel Reset en 2019 pour réinventer le numérique, le think-tank The Shift Projet présidé par Jean-Marc Jancovici avec un conséquent et solide rapport « Lean ICT – pour une sobriété numérique » publié en octobre 2018.
  • Le constat de départ est simple, c'est « le grand gâchis énergétique » comme le CNRS le résume. Le numérique c’est de l’ordre de 10% de la consommation d’électricité mondiale. Pour comprendre ces consommations énergétiques qui plombent l’imaginaire immatériel derrière le « cloud », il faut avoir en tête la consommation énergétique (et de matière ensuite) associée aux objets connectés, écrans, mais aussi réseaux et data-center de plus en plus nombreux.
  • Anne-Cécile Orgeri chercheuse de l’Irisa le rappelle, les terminaux entre nos mains ne consomment que 30% de cette énergie, les 70% restants étant consommés dans les data-centers, routeurs, et infrastructures cachés pour l’usager. Et comme toujours, les infrastructures sont dimensionnées pour la pointe. En gros, c’est le pic de streaming du soir qui détermine l’infrastructure, comme les heures de sortie de travail déterminent les périphériques routiers ou les consommations de chauffage le système électrique avec ses centrales d’extrême pointe. Tout cela concoure donc à un surdimensionnement, très consommateur d'énergie et de ressources, et dont la majorité des impacts sont occultés, ou invisibles pour l’utilisateur. Et on ne parle même pas à ce stade des limites même du recyclage, et des filières défaillantes des déchets numériques.
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  • L’énergie grise, ou embarquée, est telle que les équipements numériques doivent incontestablement augmenter leur durée de vie puis réduire leur nombre. Il n’est pas du tout certain que l’Internet des Objets (IoT) présente un quelconque intérêt environnemental, par contre, il viendra indubitablement rajouter quelques équipements à des foyers déjà suréquipés (une dizaine d'équipements pour les citoyens américains par exemple). Mais avec les poubelles ou toilettes connectées, on voit bien qu'il n'y a guère de limites.
  • Sur le design, mais aussi le code et les logiciels, aujourd’hui parfois écrits à la va-vite et surconsommant ressources et énergie, des principes d’efficacité et de sobriété doivent aussi être mis en oeuvre. Cela n’est évidemment pas qu’une question technique mais aussi économique : quand pour consulter la météo, une vidéo publicitaire s’ouvre systématiquement avant de vous permettre l’accès à l’information, il va sans dire que 90% du volume de données n’a rien à voir avec la demande initiale…
  • Un numérique sobre, c’est aussi et surtout un numérique qui s'intéresse à « sa périphérie ». Plus largement, tant dans le hard que le soft, des équipements aux logiciels, c’est un numérique au service de la transition énergétique. Pas un numérique qui « connecte » notre poubelle, nos toilettes, ou notre réfrigérateur, mais un numérique qui aide à consommer moins de ressources.
  • Il faudrait donc développer des d’outils numériques qui, plutôt que de cacher (et repousser) leurs impacts, rendent visible à l’utilisateur tout ce poids, cette énergie grise ou ce « sac-à-dos matières ». Les formes de restitution pour l’utilisateur sont nombreuses à imaginer : de l’étiquette énergie/environnement lors de l’achat, l’indice de réparabilité en préparation, aux applications adaptées dans le quotidien et le paysage urbain, en passant par les indicateurs à penser pour les différents usages (un voyant, box, écran ou autre dispositif « rouge » pour du streaming à l'heure de pointe par exemple), voire une fiscalité environnementale incitative sur les équipements (type bonus/malus)…
  • Là où le pouvoir du numérique est encore grand, c’est par exemple dans la mise en visibilité d’alternatives existantes. Par exemple des itinéraires cyclables ou "marchables". Les collectivités sont tellement en retard sur ces liaisons douces sur de très nombreux territoires, notamment en milieu rural, que la mise en visibilité d’une pratique, d’une demande, peut être le premier pas pour mettre dans le débat public un besoin. Et là, la puissance d’un Maps, Google map, ou encore Openstreetmap est intéressant. Redécouvrir cette cartographie au profit de mobilité douce ou active est une perspective réjouissante pour la sobriété numérique. Il faudra ensuite bien sûr le relais des collectivités pour équiper durablement, éclairer la nuit, nettoyer l’automne et l’hiver, sécuriser les chemins de halage… mais le point de départ peut être la cartographie numérique des pratiques.
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    "A la lecture du compte rendu du Consumer Electronics Show de ce début 2019 faite par Bernard Le Moullec dans l'Usine Nouvelle, l'urgence de la sobriété numérique vous saute aux yeux. Un tel déluge d'innovations inutiles fait surement bien plus que tout le travail de fond de think-tanks ou chercheurs pour prendre conscience de l'absurdité de la voie empruntée."
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Qu'est devenue l'utopie d'Internet ? | Revue Projet - 0 views

  • Si les années 1990 constituent bien une sorte d’âge d’or de l’utopie numérique, l’expansion d’Internet va progressivement remettre en cause cette vision enchantée du cyberespace. Afin de financer le développement de l’infrastructure, l’administration scientifique en charge d’Internet décide, en 1993, d’ouvrir le réseau aux entreprises privées. Jusqu’alors soutenu par la puissance publique, il était considéré comme un outil de coordination scientifique dont les usages se devaient d’être strictement non lucratifs. Mais le développement de services commerciaux d’accès favorise la découverte du web par un plus large public.
  • La deuxième trahison tient à l’accroissement du contrôle des communications dans un espace numérique jusqu’ici marqué par le principe d’auto-régulation et de responsabilisation de chaque participant. Dans les années 1990, les premières « affaires du net » révèlent la face sombre du web : incitations à la haine, pédopornographie, piratage informatique, propagande, etc. Ces menaces favorisent un retour progressif des États, jusqu’alors remarquablement absents, pour réguler les échanges et protéger les droits sur Internet. Depuis les années 2000, les initiatives législatives se multiplient pour lutter contre le piratage, la prolifération de contenus haineux ou, plus récemment, la manipulation de l’information.
  • Retour du contrôle des communications, règne de la marchandisation et centralisation du web autour des grandes plateformes : ces transformations d’Internet sont dénoncées comme autant de coups portés au projet initial de « l’Internet libre », principalement de la part des Gafam. Pour autant, on aurait tort d’opposer schématiquement les défenseurs aux fossoyeurs de l’utopie numérique. Google s’est parfois trouvé aux côtés des militants du net pour défendre la libre circulation de l’information, la neutralité du net ou l’assouplissement de la propriété intellectuelle. Le projet « Google books » de numérisation de livres, par exemple, n’est pas sans rappeler celui de bibliothèque universelle formulé par les premiers concepteurs du réseau. On songe également aux prises de position très strictes d’Apple au sujet de la protection de la vie privée5. Ces affinités s’expliquent aussi par les racines culturelles de l’utopie numérique. Les fondateurs d’entreprises numériques, les développeurs qui y travaillent, sont bien souvent des utilisateurs pionniers et passionnés d’Internet. Pour certains, l’esprit de la Silicon Valley, loin de marquer une trahison de l’utopie numérique, en constitue l’expression la plus aboutie en tant que synthèse entre l’esprit de la contre-culture et l’enthousiasme technologique d’entrepreneurs innovants.
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    "Aux débuts d'Internet, un idéal d'horizontalité, de gratuité, de liberté. Trente ans après, le web s'est centralisé, marchandisé, et a été colonisé par les géants du numérique. Ces derniers ont-ils trahi l'utopie des pionniers d'Internet ?"
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